Le Rite de Stricte Observance Templière


Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière

 

Il est traditionnel de faire remonter les origines de son Rite aux croisades, aux Chevaliers du Temple, aux Égyptiens, au Roi Salomon ou encore à la Genèse, etc.... Nous ne dérogerons pas à l’exercice, nous permettant ainsi, par un texte mêlant légendes, mythes et faits historiques, de mettre en exergue qui nous sommes, au travers des valeurs que nous entendons défendre et promouvoir au sein de la Grande Loge Souveraine de France. 

Ainsi… 

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Puis Dieu créa l’homme et la femme. Adam, le premier homme et Ève, la première femme, s’unirent et eurent deux enfants, Abel et Caïn. Par jalousie, convoitise et orgueil, Caïn tua Abel et, pour ce crime, fût chassé de l’Éden. Adam et Eve eurent alors un autre enfant, Seth, dont l’un des descendants sera Noé, qui aura lui-même trois fils, Sem, Cham et Japhet. Constatant la bassesse des hommes, Dieu décida, en faisant venir le déluge, de les rayer de la surface de la terre, ainsi que tous les êtres vivants. Cependant, Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur, alors Dieu lui ordonna de construire une arche et d’y entrer avec les siens, ainsi qu’avec un couple de toutes les espèces vivant sur terre. Puis ce fut le déluge, et tous les êtres disparurent. 

Alors Dieu fit baisser les eaux qui se calmèrent, et l’arche se posa sur les monts d’Ararat. Noé lâcha plusieurs fois la colombe et, un soir, elle revint avec un rameau d’olivier. Noé comprit ainsi que les eaux avaient baissé sur la totalité de la terre et tous descendirent alors de l’arche. Dieu bénit Noé et ses fils. Il leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre. » 

Japhet et les siens partirent vers l’Ouest et s’établirent entre les fleuves du Don, de la Volga et de l’Oural, sur une terre nommée Europe. Japhet prit pour femme Adâtanêsès, fille d'Eliakim, avec qui il aura sept enfants donnant une nation d’Europe : Gomer (ancêtre des Celtes), Magog (ancêtre des Scythes), Madaï (ancêtre des Iraniens et des Mèdes), Javan (ancêtre des Grecs et des latins), Tubal (ancêtre des peuples ibériques), Méschec (ancêtre des Russes) et Tiras (ancêtre des Thraces). Gomer, ancêtre des Celtes, aura trois enfants : Aschkenaz (ancêtre des Saxons et des Scandinaves), Riphat (ancêtre des Paphlagoniens) et Togarma (ancêtre des Tokhariens et des Arméniens). Javan, ancêtre des Grecs et des Latins, aura quatre enfants : Élischa (ancêtre des Eoliens), Tarsis (ancêtre des Etrusques), Kittim (ancêtre des Romains) et Rodanim (ancêtre des Rhodiens). 

Parmi ces nations, l’une se distingua par son excellence, se furent les Grecs, fils de Javan. Il ne fait aucun doute que la bénédiction divine était sur ce peuple, tant et si bien que l’on put ainsi parler de « miracle grec ». Ce furent les grands philosophes, ainsi Socrate, auteur de la fameuse citation « je sais seulement que je ne sais rien», institua que la grammaire était un art que tout père devait enseigner à son enfant, ainsi pour Platon, la dialectique est « le moyen, à travers le dialogue, de connaître « ce qui est », ainsi pour Aristote, la rhétorique est l’art oratoire, c'est-à-dire « l'apprentissage de la capacité de discerner dans chaque cas ce qui est potentiellement persuasif ».
Grammaire, dialectique et rhétorique forment le trivium, mot qui signifie les trois chemins et qui se rapporte au « pouvoir de la langue ». 

« Tout est nombre », nous enseigne Pythagore, qui fait progresser l'arithmétique et agrandit le monde des mathématiques. Les grecs découvriront que la musique est régie par les lois de l’harmonique, qu’elle est une combinaison harmonieuse des contraires, une unification des multiples et un accord des opposés. Les Hellènes excellaient en géométrie, ainsi bâtirent-ils une des sept merveilles du monde antique, à savoir le Temple d’Artémis à Éphèse. L’astronomie hellénistique influencera de manière décisive les mondes indien, arabe et occidental.
Arithmétique, musique, géométrie et astronomie forment le quadrivium, soit les quatre voies au-delà du trivium, qui se rapportent au « pouvoir des nombres ». 

Les fils de Javan donnèrent donc au monde les sept arts libéraux, ainsi la Grammaire parle, la Dialectique enseigne, la Rhétorique colore les mots, la Musique chante, l'Arithmétique compte, la Géométrie pèse et l'Astronomie s'occupe des astres. 

De plus, le philosophe Platon, dans son ouvrage « La République », définira les quatre vertus essentielles à la constitution de la cité idéale, à savoir la justice, la prudence, la tempérance et la force, qui deviendront les quatre vertus cardinales du christianisme. 

Puis vînt le Christ… 

Consubstantiel au Père, fait homme de la Vierge Marie par l’Esprit-Saint, le Christ vînt sur terre pour racheter par son sang les péchés des hommes et établir la nouvelle Alliance entre eux et le Seigneur. Vendu et trahi par le Sanhédrin et Judas, il souffrit sa passion, fut crucifié et mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ; et son règne n'aura pas de fin. 

Alors, les apôtres se mirent en route pour apporter la bonne nouvelle de l’Évangile à toutes les nations d’Europe. Ainsi, l’apôtre Paul, dans son épître aux Corinthiens, nous transmet les vertus théologales, données par Dieu aux hommes : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » Citons le commentaire allégorique de saint Augustin, pour qui le poisson, l’œuf et le pain sont les trois vertus théologales : le poisson c’est la Foi ; l’œuf, l’Espérance ; le pain, la Charité. « Le poisson est bon comme la Foi ; il vit dans l’eau sans s’y noyer ; comme nous croyants, baptisés dans les eaux du baptême, nous sommes sauvés des tempêtes du siècle. L’œuf c’est le symbole de l’Espérance ; l’œuf n’est pas le poussin, il est en attente de poussin ; avec sa coquille, l’œuf ne voit pas ce pour quoi il œuvre ; il attend avec patience ce qui lui arrivera. Le pain c’est le meilleur des aliments, comme la Charité est la meilleure des vertus. » 

Toujours dans la même épître aux Corinthiens, Paul annonce aussi les 7 dons du Saint-Esprit, que saint Thomas d’Aquin nous décrira comme suit, au regard de la raison : « Pour la saisie de la vérité, la raison spéculative est donc perfectionnée par le don d'intelligence, la raison pratique par celui de conseil. Pour bien juger, la raison spéculative est perfectionnée par la sagesse, la raison pratique par la science (la connaissance). Quant à la puissance appétitive, en ce qui regarde autrui elle est perfectionnée par la piété ; en ce qui regarde le sujet lui-même elle est perfectionnée par la force contre la terreur des périls, et contre la convoitise désordonnée des choses agréables elle est perfectionnée par la crainte (de Dieu). » 

Toutes les nations d’Europe embrassèrent la nouvelle Alliance, les mystères de la foi et le symbole de Nicée-Constantinople. 

Les Turcs Seldjoukides, maîtres de Jérusalem, interdirent le pèlerinage des chrétiens en Terre sainte afin d'aller prier sur le Saint-Sépulcre. Les chrétiens étaient volés, brimés, réduits en esclavage et, pour la plupart, assassinés. Pour cette raison, le Pape Urbain II appela les Rois chrétiens à délivrer Jérusalem ; ce fut le début des croisades et Jérusalem fut libérée par l’armée chrétienne.

Hugues de Payns, fondateur et premier maître de l'Ordre, vint pour la première fois en Terre sainte, pour accompagner le comte Hugues de Champagne, alors en pèlerinage. Lors du concile de Naplouse, naquit la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, sous l'impulsion de neuf chevaliers : Hugues de Payns, Geoffroy de Saint-Omer, Payen de Montdidier, Archambaud de Saint-Amand, Geoffroy de Bossoit, André de Montbard, Gondemare de Cîteaux, Robert de Craon et Rolland de Provence, ayant pour mission initiale de sécuriser le voyage des pèlerins affluant d'Occident. 

Le roi Baudouin II leur octroya une partie de son palais de Jérusalem située à l'emplacement du temple de Salomon. C'est ce lieu, dans lequel ils installèrent leurs quartiers, qui donna par la suite à l’Ordre le nom de Templiers ou de Chevaliers du Temple. 

L’Archange Michel, chef de la milice céleste des anges du Bien et saint protecteur des chevaliers, veillait sur eux, si bien que ce soit sur le champ de bataille, auprès des pauvres ou des pèlerins, dans leur conduite ou leurs propos, les Chevaliers de l’Ordre pratiquèrent avec assiduité les sept vertus chevaleresques traditionnelles que sont la noblesse, la bonté, l'humilité, le courage, la piété, la fidélité et l’honneur

La néfaste séparation des Églises d'Orient et d'Occident s’était produite, mais pour les Templiers, pour qui rassembler ce qui est épars est une exigence, tous les chrétiens étaient reçus à l’Ordre de manière égale. Ils paieront, par la destruction de l’Ordre, ce refus de se soumettre aux diktats des autorités royales et papales. 

Au matin du vendredi 13 octobre 1307, par jalousie, convoitise et orgueil, Philippe IV le Bel, Roi de France, ordonne à Guillaume de Nogaret l’arrestation de tous les Templiers et la saisie de leurs biens, suivi rapidement en ce sens par le pape Clément V. Le 18 mars 1314, vendu, trahi et à la suite d’un procès inique, Jacques de Molay, Grand Maître de l’Ordre, est exécuté sur un bûcher dressé sur l'île aux Juifs à Paris. 

Dès les premières arrestations, neuf Chevaliers de l’Ordre se réfugient en Écosse, au départ de Marseille. Il s’agit de Charles d’Aumont, prieur d’Auvergne, accompagné des chevaliers Edward Harris, Maréchal Templier en Ecosse, Pierre de Bologne, chapelain, Etienne Stormont, Grand Commandeur d’Angleterre, Adam Dalberg, Grand Commandeur d’Allemagne, Philibert Thierry, Chevalier des Flandres, André Montigny, chevalier d’Auvergne, Adalbert Matignon, chevalier de France et Wolfgang Von Sassen, chevalier germain. Ne pouvant voyager avec l’habit du Temple, ils se vêtissent en maçons, dont ils épousent le métier, et passent ainsi inaperçus jusqu’en Écosse, à Aberdeen, où ils obtiennent rapidement le statut «d’hommes libres du métier». Depuis le VIIème siècle, on désigne les hommes libres sous le vocable de «Francs», et c’est ainsi que nos neuf Chevaliers deviennent des « Francs-maçons ». 

Le pape Clément V ayant ordonné l'arrestation des Templiers dans tous les États de la chrétienté, la discrétion est de mise. Désireux cependant de perpétuer l’esprit et les valeurs du Temple, Charles d’Aumont et ses Frères d’exil décident de cacher le sens profond et les buts de la Vénérable Fraternité sous le voile des symboles de la maçonnerie. Se réunissant le soir au sein de la Loge, ils en protègent l’accès par des mots, signes et gestes. 

Ainsi, après avoir été, une fois de plus, abattu, le Temple entame sa reconstruction. 

Pierre après pierre, sous la sage protection des secrets du vénérable métier et grâce aux réfugiés écossais, alors en guerre contre l’Angleterre, l’idée vivace d’une restauration spirituelle de la Vénérable Fraternité faît son chemin à travers toute l’Europe, et ce jusqu’en Allemagne où, à Manua dans la Haute-Lusace, nait le Baron Karl Gotthelf von Hund, concepteur du Rite de Stricte Observance Templière... 

Ce Rite, tel que nous le pratiquons, est indissociable de l’influence jacobite, c’est-à-dire de la présence en France de réfugiés écossais durant les révoltes jacobites (du latin Jacobus, Jacques), qui se sont déroulées en Grande-Bretagne et en Irlande entre 1688 et 1746, année de la bataille de Culloden, qui vit la victoire des troupes anglaises sur les clans écossais unifiés. L’objectif de ces révoltes était de ramener Jacques Stuart, VII d'Écosse et II d'Angleterre (le dernier roi catholique de la monarchie britannique), et, plus tard, ses descendants de la maison Stuart, sur le trône dont ils ont été privés par le Parlement après la Glorieuse Révolution de 1688. Certains de ces réfugiés écossais étaient Franc-maçons, et de nombreux Franc-maçons français prirent fait et cause pour les jacobites. Pour les remercier, les Frères écossais créèrent un grade à la suite des traditionnels Apprenti, Compagnon et Maître : le Maître Écossais. Ce grade ouvrit la porte aux « hauts-grades », avec notamment le Chevalier de l’Orient ou Maçon Libre. La bulle papale du 28 avril 1738, In eminenti apostolatus specula, interdît aux catholiques de fréquenter les Loges maçonniques. En réponse, les Francs-maçons catholiques désirant poursuivre leur parcours maçonnique, tout en réaffirmant leur attachement à la foi chrétienne, créèrent le grade de Rose-Croix. Le baron von Hund, concepteur de notre Rite, ajoutera les grades de Novice et de Chevalier du Temple. Ainsi, les Provinces allemandes de la Stricte Observance travailleront les grades d’Apprenti, Compagnon, Maître, Maître Écossais, Novice et Chevalier de Temple ; Les trois Provinces françaises travailleront aussi le Chevalier de l'Épée, Maçon Libre et le Chevalier de l'Aigle, Rose-Croix.
Aussi, en quête de cohérence et de pertinence, la Grande Loge Souveraine de France opte pour le système suivant :
Les Loges de saint Jean :
Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière Apprenti ;
Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière Compagnon ;
Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière Maître ;
Les Ordres de Chevalerie, Directoire Intérieur :
Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière Ier Ordre des Chevaliers de l'Épée, Maçon Libre ;
Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière IIème Ordre des Chevaliers de l'Aigle, Rose-Croix ;
Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière IIIème Ordre des Chevaliers du Temple ;
Grande Loge Souveraine de France - Rite de Stricte Observance Templière IVème Ordre des Chevaliers Profès.

La Grande Loge Souveraine de France entend œuvrer à la réappropriation des valeurs culturelles qui ont fondé notre civilisation, à savoir la spiritualité chrétienne, le glaive romain et la discipline grecque. En ce sens, le Chevalier du Temple, soldat chrétien discipliné et grade ultime du Rite de Stricte Observance Templière, est la quintessence idéalisée de ces valeurs, de cette éthique, vers lesquelles nous tendons. Cet héritage « templier » est, pour nous, intellectuel et culturel.

Les trois premiers grades, Apprenti, Compagnon et Maître travailleront :
Le symbolisme lié à chaque grade ;
Les vertus propres à la GLSF : La fraternité, la bienfaisance, l'obéissance, le silence, la persévérance, la sagesse et la sérénité face à la mort ;
Les valeurs chevaleresques traditionnelles : la noblesse, la bonté, l'humilité, le courage, la piété, la fidélité et l’honneur.

Les quatrième et cinquième grades, Chevalier de l'Épée et Chevalier de l'Aigle, travailleront :
Le symbolisme lié à chaque grade ;
Les vertus cardinales pour le Chevalier de l'Épée : Justice, Prudence, Tempérance et Force d'âme ;
Les vertus théologales pour le Chevalier de l'Aigle : Foi, Espérance et Charité. 

Le sixième grade, Chevalier du Temple, présentera une étude théologique, sur le sujet de son choix.

Le septième et dernier grade, Chevalier Profès, aura, au cours de ce parcours, approché les fondamentaux de notre philosophie et œuvrera au perfectionnement de ceux-ci, ayant pour objectif ultime de tendre vers une éthique parfaite.